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31 juillet 2015

Des péniches pour le Sahara

Des péniches pour le Sahara

 

 

INTRODUCTION

Dans ce document, on commence par faire un mea culpa partiel sur la question du réchauffement climatique. On avait dit, dans « Les ressorts de la Vie économique au début du XXIe siècle » ©S. Darré, que l’impact des GES (gaz à effet de serre) sur l’atmosphère n’était tout simplement pas mesurable, et on s’y tient. Pour autant, il n’en est pas moins vrai que l’on assiste à une hausse des températures depuis deux siècles. Qui va se poursuivre et combien de temps ? On n’en sait rien au fond, mais il  nous suffit que rien n’indique une inversion de tendance à court-moyen terme.

En particulier, ce que l’on constate déjà et peut prévoir pour les décennies à venir c’est la montée des océans qui réduira (certes peu à l’échelle du globe), la surface des terres émergées.

Et on voit là un paradoxe assez étonnant : le niveau des mers va monter à cause, en particulier, de la fonte des glaces alors que, dans le même temps, les pays souffrant de la désertification auraient tant besoin de cette eau. C’est de là qu’est venue l’idée : Des péniches pour le Sahara.

 

 

ACHEMINER L’EAU VERS DES COURS D’EAU – UNE HISTOIRE DE MEMOIRE

Pourquoi pas vers les métropoles de Casablanca ou Oran qui en auraient aussi l’usage ? Car la mémoire de la nature nous renseigne (ou tout du moins devrait le faire) sur ce qui va se passer dans les siècles ou les millénaires à venir. Cf. le dossier de Futura Sciences sur le système hydraulique naturel du Groenland. L'université de Californie et alii s'est intéressée à ce qui s'est passé quand la température a été plus chaude, il y  environ 12 000 ans.

Dans le même ordre d'idée, et toujours en utilisant l même source (FS), on rappelle que le Sahara a été vert jusqu'à il y a 5 000 ans. Cette période s'est brutalement arrêtée quand les vents et les courants marins on cessé de charrier de l'humidité vers la région - aujourd'hui de fait à l'écart de tous les flux océaniques. Le sable a alors commencé à recouvrir toute la végétation.

Mais, avec le retour des mêmes conditions, on peut parier, guère plus et on ne dit pas quand, mais parier quand même qu'un certain volume de précipitations va recommencer, et, expérience du Groenland aidant, probablement au même endroit. La pluie va/devrait en conséquence revenir là où elle irriguait naturellement il y des siècles.

C'est pour cette raison que l'on veut acheminer l'eau dans les anciens cours d'eau, ou du moins encore existants mais avec des débits de nos jours considérablement réduits. On essaie par ce biais de donner un coup de main à la nature, sans prétendre à un aucun moment faire mieux qu’elle.

On identifie dès lors deux rivières (des oueds dans le vocabulaire local, qui ont la particularité de ne pas couler régulièrement et être soumis à de très importants écarts). Ce sont :

  • L’oued Draa au Maroc, qui est aussi la frontière algérienne sur plusieurs dizaines de kilomètres
  • Ou l’oued Rhir, au nord-est de l’Algérie, « chapelet » d’oasis non loin de la frontière tunisienne

Les deux ont l’intérêt de ne pas être très éloignés de la côte et de ports.

Une préférence pour le premier d’une part car le Maroc, plus pauvre, collabore plus facilement avec des investisseurs étrangers (en outre l’Algérie est aussi concernée, Cf. ci-dessus). D’autre part car on est sûr, des récits de voyageurs l’attestent, que l’oued Draa a coulé jusqu’à la mer au moins jusqu’au 13é siècle. Aujourd’hui il disparait dans les dunes.

Dit-on pour autant qu’il la rejoindra à nouveau un jour ? On ne le dit pas, on dit seulement qu’on est là sur un terrain plus favorable tout en étant aux « portes du désert ». En tout état de cause, on suppose à partir de ce qui suit que c’est cet oued qui a été validé pour l’expérience.

 

 

OU ET COMMENT RECUPERER CETTE EAU DOUCE ?

On a intitulé ce document « des péniches … » car on avait en tête des bateaux pas forcément très grands. En fait une taille minimale paraît inévitable.

On utilise un navire citerne qui ne doit pas être trop grand pour pouvoir pénétrer dans les fleuves           . Il a une capacité de 10 500 tonnes décomposée ainsi : 78m x 27m x 5,0m soit 10 530 m3. Un m3 d’eau étant égal à une tonne..Cela représente la valeur de 7 à 8 piscines olympiques.

On utilise deux navires sensiblement de ces dimensions qui effectuent l’aller-retour Agadir- Huelva en Andalousie en 6 jours en moyenne. Ils pompent dans le fleuve du même nom juste avant que celui-ci ne rejoigne la mer. Ces prélèvements, dont on se sera assuré qu’ils sont acceptés, changent-ils quoique ce soit à l’équilibre écologique du milieu ? Non, nous sommes dans de trop petites quantités. D’autre part, ce ne sera pas la première fois que l’homme moderne empêche l’eau de courir jusqu’à la mer. Car sinon que sont les barrages ? On rappelle aussi que la quasi-totalité du Rio Grande dans l’ouest américain, par exemple, est pompée par le Colorado, le Nouveau Mexique et le Texas avant d’atteindre la ville d’El Paso.

(Cf. article du New York Times « Mighty Rio Grande Now a Trickle Under Siege”)

 

Nos deux bateaux assurent donc 100 voyages par an. Ce qui représente un volume acheminé sur place de 1 million de m3 avec une certaine déperdition. Tout n’est pas nécessairement pompé dans la rivière de Huelva sachant que les cuves d’eau peuvent s’ouvrir par le haut et, s’il pleut pendant un trajet, on ne se prive pas de récolter l’eau de pluie aussi. On imagine même que, selon les prévisions météo, les navires se détournent pour aller chercher la pluie et stationner dans ce but jusqu’aux côtes des Asturies en Espagne.

Ces navires et le transport jusqu’au port d’Agadir sont pris en charge par des mécènes, publics ou privés. Le business n’étant évidemment pas rentable. Pour cette raison, on a pensé à des navires de type « vraquier » achetés d’occasion et adaptés. Bien sûr, si l’on avait plus de moyens, on pourrait envisager un seul navire mais beaucoup plus grand.

 

QU’EN FAIT-ON ?

Le gouvernement marocain a à sa charge :

  • L’aménagement du port si nécessaire
  • L’achat et l’entretien des camions citernes qui achemineront l’eau jusqu’à destination
  • Le transport de cette eau
  • Le paiement des villageois qui exécutent les travaux de déblaiement et creusement pour redonner de l’espace à l’oued

L’eau est déversée dans des tuyaux qui rejoignent la rivière en mode souterrain pour réduire l’évaporation à presque rien. Pour la suite, c’est donc aux villageois à jouer.

Ceux-ci ont donc pour mission première de déblayer devant la rivière et consolider les berges. On leur donne les terrains pour cultiver là où l’oued va être prolongé. On envisage de gagner ainsi 20 kms en 4 ans soit 5 kms par an. Au-delà il faudra voir si on veut gagner encore du terrain, mais l’approvisionnement en eau dans les quantités décrites ci-dessus sera assuré pour au moins 9 ans. En outre on ne s’interdit pas de faire des réserves, si le Maroc, notamment dans l’Atlas, a une ou des années de pluie record on stocke l’eau importée.

 

Quel débit peut-on injecter dans la rivière ? Pour se le représenter on rappelle que le débit moyen de l'Yvette mesuré à Villebon s/Yvette (91) est de 1,33 M3 par seconde. C’est une petite rivière, à débit faible mais régulier toutefois. On suppose aussi que l’on réduit la profondeur de la rivière n’ayant pas besoin de beaucoup. Dans ces conditions, un transport de notre vraquier/citerne assure l’équivalent de 3 heures de débit de l’Yvette – et cela 100 jours par an. Est-ce suffisant ? Tout est relatif, c’est déjà pas mal par rapport à des cultures de type oasis sahariennes. Évidemment, on s’arrange aussi pour que l’eau atteigne son cours à partir de 17h30 ou plus tard pour limiter encore plus l’évaporation.

Ce calcul ne tenant pas compte du fait de savoir si on injecte l’eau où elle ne coule plus ou bien là où il y a encore un écoulement naturel, ce qui modifierait un peu les données.

 

COMMENT AMENAGE-T-ON LES BERGES ?

A l’instar de ce qu’on peut aujourd’hui voir antre Ouarzazate et Zagora, ce sont des cultures par strates. Généralement : on fait pousser des palmiers ou bananiers qui seront nos « grands arbres ». A l’ombre de ceux-ci vont pousser des arbres fruitiers, souvent orangers et citronniers. Puis, à terre, on cultive les légumes tels que haricots, tomates et salades.

Dans les territoires réputés gagnés sur le désert (rappel : un oued peut se réveiller localement à tout moment), on aménage d’emblée des systèmes d’irrigation apportant à la plante ou l’hectare exactement la quantité d’eau nécessaire et pas plus (principes de goutte à goutte ou méthode dite « israélienne »).

Le matériel nécessaire à ces installations d’irrigation serait fourni par le gouvernement marocain ainsi que les prestations des experts agronomes. Le travail d’installation étant à la charge des paysans qui en bénéficieront par la suite.

Les villages paysans ainsi ajoutés sont a priori assurés d’avoir leur propre production de fruits et légumes. Ils pourraient aussi être payés un contingent d’heures pour leur travail de protection contre l’avancée du désert. Mais au-delà il convient de leur assurer d’autres moyens de subsistance pour qu’ils n’aillent pas eux aussi un jour grossir les bidonvilles de Marrakech et Casablanca.

 

 

DES SOURCES DE REVENUS OPPORTUNISTES POUR LES HABITANTS

La première source de revenus complémentaires sera le tourisme, jouant en particulier d’un succès de curiosité. Prévoir quelques ressources hôtelières supplémentaires avec hébergement confortable.

 

La deuxième source est basée sur une inversion de la difficulté principale. Quelle est la difficulté principale pour ceux qui luttent contre la désertification ? Le sable. Et quel est l’ennemi ultime ? L’alliance du sable et  du vent. Nos agriculteurs/ défricheurs vont devoir déblayer de grandes quantités de sable.

Or on a besoin de sable dans nos économies :

  • D’une part pour les plages. On peut imaginer qu’une partie retourne en Espagne par le même chemin pour alimenter le tourisme espagnol
  • D’autre part pour le béton. Les besoins sont énormes. Oui mais, on sait aussi que le sable du désert est impropre à la fabrication du béton, trop rond et donc ne s’agrégeant pas

C’est ici qu’entre en jeu un autre volet de l’expérimentation. On imagine que l’État marocain prête à la coopérative « de la Basse vallée du Draa », représentant tous les habitants de nos nouveaux peuplements, sur une durée de vingt ans, pour la construction d’une installation unique au monde. Cette usine, installée non loin de Tan Tan, en bord de mer, malaxera pendant plusieurs mois le sable extrait avec de l’eau de mer – reproduisant ainsi le processus naturel. En sortie on aura donc du sable prêt à l’emploi en fabrication de béton. Mais à quel prix ? Peut-être plus cher que celui volé sur les plages au petit matin, mais tellement plus pérenne.

Le gouvernement marocain émettra à cet effet un décret pour que les fabricants de béton se livrent en priorité sur ce site, c'est-à-dire avant livraison de sable issu des gisements habituels.

Avec cette abondance de sable, on peut imaginer d’autres usages aussi. Par exemple, avec quelques installations comme des cimenteries (qui paie ? à voir) il est tout à fait imaginable qu’ils en utilisent une partie pour leurs tuyauteries en grès et pour la construction des habitations et bâtiments publics.

                                                          

                                                                                                                     

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Pourrait-on aller beaucoup plus loin que cette expérience limitée ?

Oui certes, on pourrait penser tout d’abord, restant en Afrique, au delta de l’Okavango, dont on sait aussi qu’il attint un jour la mer. Mais aujourd’hui se présentent au sud deux déserts parmi les plus secs au monde : le Kalahari et le Namib. Et l’idée n’est pas non plus de faire couler de l’eau au milieu des dunes pour le plaisir.

Il y a d’autre part l’idée autrefois énoncée par le commandant Cousteau d’acheminer les icebergs en blocs depuis l’Antarctique. Rappelant que leur glace est constituée d’eau douce et par le fait complètement propre à la consommation humaine. Rappelant aussi que cela coûterait très cher, n’est peut-être pas faisable et que cette idée n’a jamais connu le début d’un semblant d’application. Disons aussi, tout le monde a vu l’un des films sur le Titanic, que 70% du volume d’un iceberg est immergé et que si on ne coupe que la partie visible et directement accessible on en laisse évidemment beaucoup en route. On préfère toutefois couper à transporter l’iceberg en entier : au moins on ne transporte ainsi que le contenu du bateau. Les techniques de découpe de gros glaçons chargés ensuite dans un bateau existent déjà pour cela. Elles sont pratiquées au large de Terre Neuve (est du Canada). Prévoir, d’autre part, de doubler les navires car on suppose qu’ils ne travailleront pas pendant les mois les plus froids de l’hiver austral et surtout pendant les périodes de tempêtes.

Ces ST seront évidemment dotés de coques renforcées (remember Titanic), ainsi que de logiciels de vision et modélisation pour connaitre exactement la masse et la forme de l’iceberg « attaqué » ainsi que ses déplacements. Ils se positionneront face au courant, éventuellement ce serait une annexe qui serait dotée des grues et matériels de découpe.

 

Avec des moyens conséquents et toujours grâce à des mécènes, on pourrait imaginer des super tankers remontant jusqu’à la Mer Rouge pour alimenter un second canal parallèle à celui de Suez, mais à l’ouest du Nil, en Égypte.

 

Et pourquoi pas l’Australie, beaucoup plus proche de l’Antarctique et ayant de considérables besoins en eau comme l’Égypte ? C’est que l’on aurait tendance à préférer l’Égypte moins développée qui utilisera plus de main d’œuvre, dans l’optique de fixer plus de gens à la terre. Mais il est évident que le trajet jusqu’à la Mer rouge est très conséquent.

L’Australie serait une vraie alternative si on peut se passer de mécènes pour l’achat et l’équipement des super tankers. En effet le pays est riche et pourrait a priori s’offrir quelques milliards d’investissement. On voit deux possibilités :

  1. Augmenter la taxe foncière de quelques dollars annuels
  2. Qui ne coûterait peut-être rien a priori, interdire par la loi toute extension des installations de désalination de l’eau de mer ; obligeant ainsi les compagnies des eaux à se tourner vers cette solution pour une partie de leur approvisionnement.

 

 

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  • L'auteur, a rédigé : "Les ressorts de l'activité économique au début du XIXèsiècle" Economiste non professionnel, lassé d'entendre des analyses pré digérées et réchauffées, a voulu raisonner par lui même et utiliser toutes les statistiques disponibles.
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